J'ai
débuté l'athlétisme
en 1970. Jusqu'en 1978, ce fut l'athlétisme
copains au sein du club dans un groupe de 25 athlètes environ du
même âge.
Ensuite une pause de 1978 à 1981 pour cause de maternités. Je reprends sous la houlette de
mon mari un entraînement progressif .
J' aurai une progression régulière avec comme point
d'orgue ma médaille de bronze aux championnats du Monde de Rome
1987
qui a fait de moi l'athlète féminine la mieux
titrée sur marathon .
Il est dommage cependant que les contraintes des épreuves de sélection et des grandes championnats
m'aient privée "d'un marathon à chrono" qui m' aurait permis de concrétiser
ma valeur.
LAGESTION
D' UN GRAND ÉVÉNEMENT
LA
PRÉPARATION
La gestion de l'événement est quelque chose d'essentiel car si arriver
préparée le jour J me semble facile, la préparation mentale est aussi
importante. L'athlète doit faire la démarche psychique soit seul soit avec de
l'aide pour aborder un grand événement. ,
C'est loin d'être évident et aucune structure n'existait pour cela au sein de
la F.F.A.
Pour ma part, la préparation mentale commençait le 1er jour de la préparation
spécifique, soit 2 mois avant. C'était un long cheminement.
Chaque séance, chaque footing était une étape et me permettait de ressentir
et d'éventuellement réagir.
Le plus gros travail mental se faisait la dernière semaine.
J'ai toujours fait le régime dissocié et je pense que cela me permettait de
"rentrer" dans le marathon, d'emmagasiner un potentiel mental
impressionnant, un moral d'acier car le régime en lui-même est difficile à
supporter.
Cette période était difficile à vivre pour mon entourage car je m'enfermais
dans un cocon et ne communiquais pratiquement pas.
Avant la course :
Avant Rome, la dernière semaine fut terrible ( j'avais
éprouvé la même chose en moins accentué
avant les championnats d'Europe à Stuttgart l'année
précédente).
Le troisième jour du régime, j'ai eu une défaillance à la fin de l'entraînement.
J'aurais pu douter mais ma préparation s'était tellement
bien déroulée que j'ai préféré
croire en ce que j'avais fait pendant deux mois. Au contraire,
j'étais convaincue que la première phase du régime
avait pleinement porté ses
fruits.
Je suis arrivée à Rome l'avant veille de la
compétition.
La nuit précédant le marathon, j'ai même
rêvé (et c'était bien la première fois) que
je terminais sur le
podium (signe
prémonitoire ou plutôt certainement signe de motivation et de confiance réunies)
La course :
Le jour de la compétition, je suis entrée sur le stade
avec une énorme motivation. Je savais et je sentais que
j'étais au top de ma forme.
Les cinq minutes avant le départ ont été terribles
avec une folle envie de retourner au vestiaire (même impression
au championnat d'Europe l'année précédente).
En fait la motivation et l'envie me donnaient l'impression que tout
allait s'effondrer si le départ n'était pas
donné tout de suite. Lorsque le starter nous a
libérées, je n'ai plus pensé qu'à la
course. La première moitié de la course a
été difficile à cause de la chaleur et parce que
je me sentais alourdie par le régime.
Ensuite, ce fut tout le contraire. Du 21ème au 32ème kilomètre, je suis passée de la
18ème/20ème place à la 8ème.
A ce moment là, je me suis dit "tu es finaliste". J'avais l'impression d'être sur un nuage.
La suite, ce ne fut que des moments de bonheur, je doublais les autres
filles si vite que la course me paraissait facile. Au 40ème
kilomètre, j'ai doublé la 3ème et là j'ai
pensé "ce n'est pas possible, tu es sur le podium".
J'ai donné tout ce qui me restait pour terminer à 15" de la seconde sous les tonnerres
d'applaudissements des spectateurs qui m'avaient prise pour une athlète italienne.
En passant l'arrivée, je n'ai pas réalisé tout de suite. J'ai vu Jacques
DARRAS,
l'entraîneur national chargé du marathon, et là
j'ai compris. Puis j'ai filé dans le virage retrouver Michel
dans les tribunes.
Après la course :
On ne réalise pas dans les heures qui suivent ce que
représente une médaille dans un grand championnat. C'est
en fait par le comportement des autres et des médias qu'on
réalise.
Par contre à la maison, rien ne change.
Cependant, j'ai été très choquée quand on a
dit à mon mari que nous allions fêter cette
première médaille mondiale de l'histoire de
l'athlétisme français au village des athlètes et
ceci sans lui puisqu'il n'avait pas de laissez-passer.
Je pense pourtant que la médaille, c'était un peu aussi la sienne.