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Nous sommes une équipe de 15 coureurs, 5 femmes et 10 hommes groupés au sein d’une association : les ''GONES RUNNERS'', dont je suis la marraine et Joseph MAHMOUD ( médaillé d’argent du 3000 steeple lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984 et toujours recordman d’ Europe), le parrain. Nous nous sommes lancés dans une aventure sportive du 4 au 10 novembre en participant à la Désert CUP. Cette épreuve est une course à pied non-stop en autosuffisance alimentaire sur une distance de 168 kilomètres. Du désert de ‘’Lawrence d’Arabie’’ en passant par les plateaux du Rift qui domine le Wadi Araba, l’itinéraire se termine à l’intérieur de la cité troglodyte de Pétra la ville rose aux 800 temples. Parmi les 15 coureurs, 7 ont déjà participé au marathon des sables, tous ont déjà fait une ou plusieurs fois le marathon de Paris, de Lyon, à l’étranger New York, Los Angeles, Londres. Des grandes classiques françaises : Marvejols-Mende, Marseille-cassis, Paris-Versailles. C’était un projet, il s’est concrétisé la semaine du 4 au 11 novembre 2001. Je suis partie courir la DESERT CUP avec mes amis les Gones Runners. Nous étions 12 Gones en Jordanie plus 8 membres de notre fan club (sponsors et compagnes)
ainsi que 4 Gones à Lyon pour la logistique(infos
sponsors, famille, amis, médias). Tout avait été préparé, pensé, réfléchi depuis un an. De l’alimentation à la préparation physique et mentale, des sponsors aux médias sans oublier les reportages et photos. J’ai vécu une belle aventure pédestre et humaine, des instants merveilleux de solidarité, de sérénité, de plénitude dans le désert de WADI RUM et dans la cité antique de PETRA mais aussi de douleur physique, de fatigue extrême. Nous sommes arrivés à AMMAN la capitale, le 4/11. Après un transfert en car de 3 heures et quelques km en 4 x 4, nous voilà installées au camp de base pour 2 nuits et un jour. Nuits en tente bédouine et en communauté (25 environ par
tente) et doux moments de décontraction et de rigolade avant l’effort.
Lundi 5 – vérification des sacs et des équipements obligatoires (– ration de survie – boussole – sac de couchage – vêtement chaud …) tout est O.K. Nous avons la journée devant nous pour admirer le désert, grimper sur les rochers alentour et s’amuser avant le jour J, rencontrer les autres, faire
des photos. Mardi 6 – 8 h 30 – l’hélico nous ensable avant le top départ. Bises aux Gones et
c’est parti pour moins de 48 h, mon temps d’engagement. Je cours, je marche, je rame, je m’ensable. J’ai tout fait dans ma vie d’athlète, du cross, de la piste, beaucoup de route, quelques trails, de la montagne mais que c’est dur le sable . J’ai l’impression que mes pieds ne vont pas dans le même
sens que moi dans le sable profond. CP (check point) 1 – 2 – 3 – il fait de plus en plus chaud, mais j’aime ça. La température tourne autour des 35° mais après 14 h elle commence à décliner CP 4, j’ai trouvé des compagnons Alain, Patrick, Charles et quelques autres. Un moment de parcours ou plusieurs tronçons. On se voit, on parle, on se quitte, on se retrouve un peu plus loin ou au CP, ainsi on oublie la fatigue et on ne se décourage pas. Au CP 5, il fait nuit et surtout le froid commence à pincer. Il est un peu plus de 16 h 30, la température va descendre autour des 5°. Oh ! Le choc thermique ! Que
je n’aime pas le froid ! Ne pas s’arrêter, continuer le plus longtemps possible tant que le courage et la volonté sont là et que la fatigue me laisse tranquille. CP6 puis CP7 et 8: ça commence à tirer, j’arrive au CP9 épuisée. On m’apprend que je suis 3ème féminine, ça me fait plaisir mais je suis cuite. Je m’appuie sur le 4X4, rien ne va plus, la tête tourne, j’ai la nausée. Je fonce sous la tente, m’enfile dans le duvet et rideau. Nous sommes le 7/11 et il est 3 h 20. J’ai couru et marché
18 h 50 ! CP 9 – 5 h 35, je me réveille en sursaut, un coureur m’a posé son sac à dos sur la tête. Heureusement car je n’ai pas entendu ma montre. Debout et je pars aussitôt. J’ai froid j’ai mis le sac de couchage sur les épaules. Le soleil se lève, l’eau du camel-back est gelée, je n’arrive pas à boire et puis je m’égare. Moment de découragement. Plus de point rouge ni de trace de chaussures –
demi-tour, je retourne sur mes pas : 10/15mn de perdues . Ou
sont les Gones ? Michel, Gérard, Bernard devant. Et les autres ? J’arrive au CP10, Michel est passé à 5 h 52. Bernard et Gérard, 1/2 h avant moi. Je remplis le camel-back avec la poudre et je repars. C’est ici le début de la montagne,
43km avec un gros dénivelé mais toujours aussi désertique. Je croise les bédouins. De quoi vivent-ils ? Il n’y a rien. Et leurs chèvres, comment mangent-elles ? Il n’y a que de petits buissons secs et pas un arbre. Je n’ai pas vu de coureurs ni de 4X4 depuis le CP9. Seule, je marche seule (air connu). La forme revient avec la chaleur et je me sens de mieux en mieux. Je me remets à courir. Juste avant le CP11, 3 jeunes Jordaniens m’accompagnent et me parlent mi-anglais, mi- arabe. Ils veulent tour savoir, d’où
je viens, qui je suis ? CP11 – je croise Gégé et Bernard qui partent. A plus ! on se reverra. Petite pose, je me nourris en buvant du maxim , c’est super. Je n’ai aucun problème gastrique. Tout va bien mais j’en ai trop emporté alors je distribue mes sachets de poudre à
mes compagnons de désert. Je fais un tabac, on m’appelle Mme Maxim !! Au CP12, on me dit que Michel est passé à 10 h 30, il ne doit pas être loin de l’arrivée, s’il ne l’a déjà passé et surtout j’apprends que je suis 2ème. Mais où est la seconde ? Elle s’est perdue ! J’aurai dû demander à combien elle était devant moi. Je continue toute heureuse. Je cours sur terrain plat et un peu en descente mais j’ai des problèmes au genou droit et l’adducteur gauche. Je marche en côte. Après le village de TAIYIBA, une longue côte à vous couper les jambes et le moral, mais au loin j’aperçois mes deux Gones. J’accélère et je les rejoins avant le CP13. Pointage, allègement maximum du sac pour finir et encouragements du fan club qui passait à cet instant et c’est parti pour les 8,5km du dernier tronçon. Véritable sentier de caillasse puis 570 marches à descendre dans PETRA,
1200m
de Siq et un petit km avant la délivrance. L’arche d’arrivée et voilà
c’est fini. 168km de bonheur, de merveilles, de souffrance et de fatigue mais de joie et d ‘émotions
intenses. Je l’ai fait et je ne le regrette surtout pas.
J’ai
vécu des moments fabuleux en JORDANIE que je n’oublierai pas. Merci aux coureurs qui m’ont accompagné – à mes amis les Gones Runners et tous ceux qui nous ont soutenus, encouragés : nos sponsors, nos familles, nos amis. L’aventure n’aurait jamais eu lieu sans votre soutien et votre compréhension.
sur 229 coureurs au départ Temps: moyenne sur 3 coureurs, équipe mixte obligatoire.
Une deuxième place avec 19 secondes d'avance sur la 3ème équipe !!!!Equipe 2 : non classée, abandon d'Elisabeth DUPONT au km120, sur blessure au genou / Patrice / GérardEquipe 3 : Valérie/ André/ Manuel.Equipe 4 Muriel /Pascal et Elisabeth DIDELET.
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